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08/04/2014

"Deux cités" ? un thème qui fourvoie certains catholiques

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Attention

au détournement :


 

 

Je revois passer ces jours-ci, dans des interventions de catholiques ''militants'', la célèbre phrase de saint Augustin (La Cité de Dieu XIV, 28) : ''Deux amours ont fait deux cités : l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu, la cité terrestre ; l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi, la cité céleste.'' Ces militants l'accompagnent généralement d'une allusion aux ''deux étendards'', titre de l'une des méditations des Exercices spirituels ignatiens.

Ces interventions détournent radicalement les deux références, dans un sens martial et confusionniste.

Si on lit honnêtement le passage de saint Augustin, en effet, on y apprend ce qu'est la cité ''terrestre'' (celle qui rabat l'homme sur une vision close du terrestre) : elle est ''dominée par la passion de dominer'', alors que la cité ''céleste'' (l'inspiration du christianisme dans la cité) pousse les hommes à ''se rendre mutuellement service par charité''. Commentaire d'un théologien : ''Les deux cités revendiquent notre appartenance, la première en raison de notre complicité avec le péché ; la seconde au nom de notre baptême.''

Or certains ''militants'' – pourtant affichés catholiques – diffusent une complicité avec des positions économiques et sociales qui sont des structures de péché ; et ils le font sous un ''étendard'' unissant en fait des chrétiens et des antichrétiens : l'étendard dominateur du nous d'abord, l'amour de soi seul, tournant le dos au bien commun prôné par l'Eglise.

Ce détournement de citation a quelque chose de révoltant – souligne le théologien –  si l'on revient au sens vrai du texte de saint Augustin : car ''notre parcours de conversion consiste à passer de la cité de la philautia (amour de soi) à celle de l'agapè (amour de charité)''. Et c'est aussi le vrai sens de la méditation ignatienne des deux étendards...

Une fois qu'on a compris ça, on comprend – par exemple – ce que vaut le catholicisme de ''catholiques en colère'' qui se sont exhibés samedi avec une poignée de quenelleurs compulsifs, dans quelques villes françaises.

 

 

Commentaires

LES "CATHOS EN COLÈRE"

> Si j'ai bien compris ces cathos en colère sont, en somme, des "libéraux-conservateurs", qui prétendent vouloir servir les deux cités ou les deux étendards à la fois (détournant par là les références utilisées), ils se font libéraux pour la première cité qu'ils ne rejettent aucunement, et "conservateurs" pour l'autre cité qu'ils restreignent aux mœurs, et dont ils évacuent l'économique ?

AM


[ PP à AM - On ne saurait mieux dire ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Aurélien Million / | 08/04/2014

MAUVAISE FOI

> Mauvaise foi :
applaudir le pape François tout en diffusant des thèses contraires aux siennes.
Faire semblant d'être "antisystème" alors qu'on est juste "droite dure" (= le système + encore plus de flics et un verbiage "héritage chrétien", genre Sarkozy).
Faire semblant de croire qu'être catholique et être "anti-système" (voir plus haut) c'est la même chose.
______

Écrit par : alain breza / | 08/04/2014

à Aurélien Million

> Exact. Les soi-disant "révoltés anti-système" sont soutenus bruyamment par les chiens de garde du système : sites libéraux ("religieux" ou pas), tweets du même métal, etc.
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Écrit par : Daniel Ansiau / | 08/04/2014

> voir les rigolos en bonnet rouge équipés par la FNSEA du spéculateur agro-industriel Beulin.
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Écrit par : le balp / | 08/04/2014

UN ARTICLE

> Je signale la parution d'un article très intéressant, au sujet de la situation paradoxale du chrétien dans la cité : il s'agit d'un article d'Emilie Tardivel (Faculté de philosophie de la Catho de Paris), paru dans le dernier numéro de Communio (janvier-avril 2014) :"Le paradoxe du citoyen chrétien. L'Apologie de Justin". Bonne lecture !
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Écrit par : Laure / | 09/04/2014

CONVERSION DU COEUR

> La seule cité qui vaille en effet : conversion du cœur, jusqu'à confronter son propre mode de vie à la parole, pour un témoignage au cœur du monde, chacun selon ses rencontres, son chemin.
Une bonne idée de parcours pour aider à cheminer dans ce sens est le parcours Zachée (www.zachee.com) : Il m'invite à confronter ma propre petite cité ou citadelle d'habitudes et de relations pas très bien ajustée à la cité céleste, pour que le cadeau qu'est notre vie s'épanouisse pleinement.
Je crois que seule la Miséricorde nous permet de faire ce chemin, jamais fini. Ce serait impossible tout seul, ou uniquement par la force de convictions à atteindre !
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Écrit par : Christian O / | 09/04/2014

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